L’AAP MSA 2020

Axes prioritaires 2020

Dans le cadre du service rendu dans les différents domaines de la protection sociale, les projets mobilisant des équipes interdisciplinaires seront plus particulièrement attendus. Pour l’appel à projet 2020, les trois axes suivants ont été retenus :

 

  • Axe 1 : Améliorer la compréhension de la survenue du suicide dans les professions de l’agriculture
  • Axe 2 : Etudier les impacts sur la santé dans les professions de l’agriculture de la transition agro écologique
  • Axe 3 : Mesurer l’efficacité d’actions de prévention réalisées par la MSA

 

 

Les projets lauréats 2020

 

ELTA2W

Eleveurs tâcherons en abattoir. Un double métier ?

Le projet porte sur l’analyse des pratiques alternatives d’abattage (abattoirs coopératifs) et leurs incidences sur la santé mentale des éleveurs. Ces pratiques entrainent une transformation du rapport subjectif aux contraintes spécifiques du métier, en particulier la séparation « classique » entre élevage et abattage. Les objectifs visent à comprendre les transformations imposées à l’organisation du travail dans ces structures et leurs effets sur le métier. La méthodologie proposée pour l’investigation des enjeux subjectifs du « double métier » d’éleveur et tâcheron repose sur la mise en place d’enquêtes en psychodynamique du travail au sein de deux abattoirs ayant adopté une forme coopérative. L’élucidation des contraintes spécifiques du travail d’une part, de la nature de la souffrance et de ses destins possibles d’autre part, permettra de dégager des réflexions relatives à la prévention des problématiques de santé mentale liée au travail, mais aussi des pistes d’action en faveur de transformations concrètes des modes d’organisation du travail d’abattage.

 

Coordination du projet :

PORCHER Jocelyne

UMR innovation, INRAe Montpellier

 

MENTAGRO

Santé mentale des agriculteurs en transition agroécologique

Le projet MENTAGRO étudie les impacts de la mise en œuvre de la transition agroécologique sur la santé mentale des agriculteurs. Il poursuit trois objectifs : savoir si les conditions de travail des agriculteurs en phase de transition agroécologique détériorent ou pas leur santé mentale, identifier dans les stratégies collectives ce qui peut améliorer leur santé mentale dans cette phase et élaborer un outil de diagnostic de santé mentale d’un agriculteur en phase de transition agroécologique. Le projet mobilise le cadre théorique du modèle exigences-ressources, modèle JD-R, ainsi que les travaux sur les stratégies collectives. Une méthodologie qualitative par étude de cas multiples sera mise en œuvre. Soixante agriculteurs spécialisés en productions végétales, certains en début de transition agroécologique, d’autres à un stade avancé, seront interrogés par entretiens individuels ou dans le cadre de focus groups. Les retombées de MENTAGRO concernent essentiellement la MSA, à travers la mise à disposition d’un outil d’évaluation de la santé mentale d’un agriculteur en phase de transition. Il complètera les actions et les dispositifs déjà développés par la MSA qui visent à prévenir le mal-être au travail de ses adhérents. Les acteurs de l’accompagnement des agriculteurs, les pouvoirs publics et, à plus long terme, les acteurs de la formation continue, bénéficieront également des résultats du projet.

 

Coordination du projet :

GRATIGNON  Anne-Laure     

LGCO / Université Toulouse3 Paul Sabatier

 

MOSA

Les motifs du suicide en agriculture : entre socialisation anticipatrice et absence de succession familiale

Ce projet de recherche sur les « motifs du suicide en agriculture » s’intéresse plus particulièrement aux deux populations masculines de non-salariés agricoles les plus à risque (les 25-39 et les plus de 65 ans). Ce projet novateur s’inscrit dans une démarche socio-anthropologique. Il aborde des hypothèses nouvelles permettant de faire le lien entre les travaux sur le suicide et ceux qui portent sur la famille, le travail et l’école. S’agissant de la population des plus jeunes, une hypothèse étayée par de précédents travaux exploratoires fait ressortir le décalage existant entre les représentations du métier chez les futurs agriculteurs en formation et la réalité vécue de ce métier par les nouveaux installés. S’agissant des 65 ans et plus, l’hypothèse la plus plausible de sur-suicide renvoie à celle de l’absence de successeur familial. A partir d’une méthodologie qualitative adaptée à chacune des hypothèses et s’intéressant à la fois à différentes filières agricoles, aux programmes de formation, aux jeunes en formation au sein d’établissements agricoles, aux familles endeuillées, les résultats permettront d’apporter de nouvelles préconisations en matière de prévention des actes suicidaires sur des registres aussi différents que ceux du plan SST ou des programmes de formation agricole.

 

Coordination du projet :

JACQUES-JOUVENOT Dominique

LASA / Université de Franche-Comté

 

PREUVES

Evaluer pour produire quel type de connaissances ? De la pertinence sociale des preuves

L’évaluation n’est jamais un processus socialement neutre. Pourtant cet enjeu est souvent éludé. Le débat sur la pertinence des résultats est souvent renvoyé à l’étape post-évaluation, au risque que les résultats de l’évaluation soient une source de tensions plutôt qu’un instrument partageable par l’ensemble des parties prenantes. Notre objectif est d’analyser ce que serait un dispositif d’évaluation considéré comme pertinent du point de vue des différents acteurs concernés par le conseil prévention délivré par la MSA. Il ne s’agit donc pas de produire une évaluation mais de recueillir et valoriser des connaissances éparses au sein de la MSA et à l’extérieur pour éclairer ex-ante la décision sur l’évaluation à la MSA. Ce projet est réalisable compte tenu des avancées théoriques et méthodologiques réalisées ces dernières années et auxquelles nous avons participé dans trois grands domaines : théorie de preuves, analyse des dispositifs de conseil, sociologie du risque. Il sera fondé sur des entretiens et des questionnaires auprès des parties prenantes. Les résultats attendus sont à la fois théoriques (théorie des preuves et action collective), méthodologiques (grille d’analyse de la qualité des preuves) et pratiques (contribuer à raisonner les cahiers des charges des évaluations sur l’efficacité du conseil prévention).

 

Coordination du projet :

LAURENT Catherine

SAD-APT INRAe / AgroParisTech Paris

 

STOP

Suicides chez les Travailleurs agricoles : Observer et comprendre les facteurs de risques pour agir en Prévention

Les travaux de Santé Publique France ont montré, rétrospectivement (avec plusieurs années de décalage), que la population des NSA – éleveurs bovins en particulier – avait présenté un sur-risque de suicide par rapport à la population générale. L’épidémiologie montre par ailleurs que la dépression est le meilleur prédicteur du risque de suicide. Possédant des données administratives et de remboursement de soins sur l’intégralité de la population agricole française, la CCMSA a potentiellement la capacité d’analyser en temps réel l’épidémiologie de la dépression et les facteurs associés chez ses cotisants, et d’identifier des priorités, au niveau collectif, des actions de prévention du suicide et de promotion de la santé mentale. L’étude croisera l’ensemble des données des bases cotisants NSA et SA avec les bases de données médico-administratives ALD (Affections Longues Durées) et RAAMSES (dépenses de soins de santé) afin de décrire, sur l’ensemble de la population agricole française métropolitaine, les caractéristiques, notamment professionnelles, des populations prises en charge pour dépression. L’équipe ayant déjà démontré la faisabilité du croisement des bases de données MSA, elle conduira des analyses d’épidémiologie descriptive et développera un modèle (Cox) permettant de mesurer l’effet des différentes variables à disposition sur le risque de dépression des actifs agricoles.

 

Coordination du projet :

BONNETERRE Vincent

TIMC CNRS/UGA/Grenoble INP /ENVL

 

TraSAD

Du travail soutenable en agriculture durable. Quelles transformations des conditions de travail dans les exploitations entamant une transition agroécologique ?

Les agriculteurs et agricultrices sont confronté.e.s à des injonctions croissantes visant à écologiser leurs pratiques. En France, cette tendance est institutionnalisée par la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014 qui fixe comme orientation des politiques agricoles la transition dite « agro-écologique ». Néanmoins, au-delà des dimensions strictement agronomiques, la transition agro-écologique pose également la question, encore peu traitée à ce jour, de la dimension humaine de ce modèle productif en voie de transformation. Ainsi, le projet TraSAD vise à interroger ce que la transition agro-écologique – observée à l’échelle des exploitations – fait aux exploitant.e.s et aux salarié.e.s en matière d’évolution des conditions d’emploi et de travail et d’impact sur leur santé physique et mentale. Plus spécifiquement, ce projet de recherche s’intéresse au secteur vitivinicole à partir d’une comparaison entre trois régions (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Grand Est), et en mobilisant à la fois des données statistiques (appariement entre les enquêtes PKViti et les données MSA) et des études de cas réalisées par entretiens auprès d’exploitant.e.s et de salarié.e.s. Partant de là, il est escompté que le projet TraSAD contribue à l’évolution des activités d’accompagnement de la MSA et participe plus largement à un phénomène de transformation sociale.

 

Coordination du projet :

THIVET Delphine

Centre Emile Durkheim / Sciences Po Bordeaux

 

Vit’All

Validation d’un score de climat de sécurité en viticulture par l’évaluation d’une action de formation

Le « climat de sécurité » se définit comme la synthèse systémique des perceptions que les employés partagent à propos de leur environnement de travail. La mesure du climat de sécurité s’est surtout diffusée dans les secteurs de la santé et de l’industrie (nucléaire, transport, aéronautique, offshore). Le secteur agricole a pourtant de nombreuses caractéristiques propres, et il reste à démontrer dans quelle mesure les principes et concepts du climat de sécurité peuvent s’appliquer à la viticulture, où il n’existe pas de structures organisationnelles et de lignes de commandement similaires. L’objectif principal de cette étude est de procéder à une validation extrinsèque d’un score de climat de sécurité récemment développé en viticulture, en vérifiant son applicabilité dans un cadre géographique plus large et sa capacité à mesurer les évolutions (sensibilité).  Il sera tiré parti d’une comparaison de groupes avant/après une formation portant sur le bon usage des produits phytosanitaires (Certiphyto) en viticulture. L’objectif secondaire est d’utiliser ce score pour évaluer l’impact des formations actuellement délivrées par la MSA et d’en déduire d’éventuelles actions d’amélioration au niveau national et régional. Mieux comprendre les résistances au changement devrait permettre de promouvoir des attitudes, comportements et pratiques plus vertueux en matière d’utilisation des produits phytosanitaires.

 

Coordination du projet :

VIEL Jean-François

CHU INSERM-IRSET Rennes

 

 

 

 

 

 

Information sur l’AAP MSA : rubrique Recherche et innovation sur msa.fr

Contact mail : burguet.delphine@inma.fr